— INTERVIEW
Terre Mégère : le vin et la vie !
Olivier Moreau va bientôt fêter ses 10 ans d’activité sur un domaine viticole né en même temps que lui. Terre Mégère ce sont les terres que son père a planté en pleine garrigue à Cournonsec.
À la tête de ce domaine familial, le jeune agriculteur cultive l’amour de la vigne et de la vie avec simplicité et authenticité.
On pourrait dire que ce qui caractérise Terre Mégère c’est l’originalité et la simplicité. C’est un peu notre marque de fabrique. Le domaine existe à peu près depuis ma naissance, en 1985. C’est mon père, Michel Moreau, qui l’a fondé. Il a atterri de Grenoble et s’est lancé dans la rénovation de la cave du village, désaffectée depuis une trentaine d’année. Et puis il a commencé à planter des vignes en pleine garrigue, “sur le caillou”. C’était un peu audacieux ! Et la première cuvée est née en 1985.
Les vignes de Terre Mégère produisent peu (35 hl/ha environ), et sont conduites en bio. Nous vendangeons manuellement et faisons notre embouteillage tout seuls. On propose 7 cuvées différentes en Grés de Montpellier et vins de pays d’Oc.
Terre Mégère est un petit domaine familial mais très autonome par rapport aux voisins. On est bien équipés et on ne délègue rien, de la vigne à l’étiquette. On vit tous sur place avec des poules, des ânes et des cochons. Le domaine ressemble plus à une ferme, à une petite communauté hippie, qu’à une entreprise !
D’ailleurs le logo de Terre Mégère c’est un âne, pourquoi ?
C’est un peu l’animal qui symbolise le domaine. Mon père en avait les premières années et on en a remis il y a 4 ans. C’est un animal très bien adapté à la garrigue. En hiver on les lâche dans les vignes pour qu’ils participent au désherbage.
Vous organisez souvent des événements sur le domaine. Quel genre d’événements ?
Ça va faire 10 ans qu’on propose des moments festifs sur le domaine. On en fait 6-7 par an. L’esprit est très populaire. Ce ne sont surtout pas des événements chics et élitistes. L’idée c’est de désacraliser le vin tout court. Après tout, le vin c’est du raisin qu’on met dans des cuves et qu’on boit ! C’est un produit ancestral, simple, et qui te rend simple quand tu le consommes
Le côté hype qu’on peut trouver dans la culture du vin bio, ça ne me plait pas du tout.
Alors on organise des concerts, et on mange, on boit tous ensemble, simplement. C’est ouvert à tout le monde !
Et toi, depuis quand tu es vigneron ?
C’était pas du tout programmé que je reprenne le domaine de mon père ! Moi j’ai grandi dans la cave, au rythme de la viticulture, et des saisons. De mes 18 ans jusqu’à 25 ans, je me voyais bien faire ce métier mais ailleurs. Ça me faisait peur d’habiter dans le même village que mes parents et travailler là où j’étais né.
Mon père a voulu arrêter à 66 ans. Il était sur le point d’arracher toutes les vignes, quand finalement j’ai décidé de reprendre. C’était en 2011. Avec mon meilleur ami Quentin, fils de vignerons aussi, on arrachait les vignes. Et au bout de 10 ha, environ la moitié du domaine, on se demandait ce qu’on allait faire de nos vies. C’est parti comme ça. On a repris l’exploitation tous les deux et on s’est mis à s’occuper des 11 ha qui restaient !
Aujourd’hui, on est deux à temps plein. On gère encore en famille car ma femme Marion se charge des vinifications et que Quentin gère le vignoble et fait partie de l’équipe des 5 saisonniers très réguliers.
Globalement, je suis heureux dans mon travail !
Ça représente quoi de produire du bio ?
Il y a une énorme différence au niveau du travail du sol. On n’utilise aucune forme de désherbant. À l’époque de mon père ce n’était pas labellisé bio mais déjà raisonné.
Pour l’entretien des vignes, on n’utilise que des procédés mécaniques : on tond, on débroussaille. C’est donc une charge de travail nettement supérieure à ceux qui ne sont pas en bio.
L’inconvénient de produire de vin bio, c’est que nous souffrons plus des maladies. Il faut traiter plus souvent et ce n’est pas toujours efficace car on utilise du soufre et du cuivre.
Quand on est passés au bio, je ne me suis pas posé la question. C’était dans l’ère du temps, et puis ça faisait partie de nos convictions.
Parfois j’ai quelques doutes sur la production bio à l’extrême. Ce qui est important pour moi c’est de rester dans l’équilibre et d’avoir un domaine productif. Si tu perds ta production parce que tu ne mets aucun produit pour traiter les maladies et qu’ensuite tu vends très cher, ça n’a pas de sens pour moi.
Produire en bio oui, mais produire de façon raisonnable, garder de bons rendements, et donc proposer des prix corrects. Je fais du vin pour que ça serve aux autres.
Interview réalisée par Margot Geoffroy
Bon à savoir :
Terre Mégère fait partie du réseau La Graine 34